Réagissant à l’acquittement des «quatre»: Nacer Boudiaf réclame la libération de Boumaârafi
Le récent acquittement des quatre accusés dans l’affaire du complot contre l’Etat et l’armée, à savoir Saïd Bouteflika, Louisa Hanoune ainsi que les deux anciens généraux Toufik Mediene et AthmaneTertag, a fait réagir, sur le ton du sarcasme, Nacer Boudiaf, le fils du président défunt Mohamed Boudiaf.
Dans un message publié sur son compte Facebook, le fils du défunt chef du Haut Comité d’État (HCE) et figure emblématique de la Révolution, Mohamed Boudiaf, a interpellé le pouvoir en place à travers une requête des plus inattendues.
Nacer Boudiaf, qui réclame depuis des années la réouverture du dossier de l’assassinat de son père, perpétré le 29 juin 1992 à Annaba, par Lembarek Boumaarafi, estime tout simplement que ce dernier doit être libéré de prison « pour la raison simple que cela lui fait 28 ans derrière les barreaux pour un crime dont le peuple n’a jamais pris connaissance des preuves contre le présumé assassin. »
« Il n’y a pas eu « complot contre l’État et l’armée », mais il y’a eu bel et bien complot contre Boudiaf », écrit Nacer Boudiaf qui fait un parallèle entre les deux « affaires d’Etat », en dénonçant un « deux poids, deux mesure » dans le traitement des dossiers judiciaires en Algérie.
« Les quatre personnes accusées de “complot contre l’État et l’armée” ont usé de leurs droits de faire appel. Ils ont obtenu gain de cause. Ils ont été libérés. Bravo pour la justice algérienne. Cependant, l’un des quatre accusés reste entre les mains de la justice, pour des faits qui lui sont reprochés dans d’autres affaires. Quant à moi et ma famille, cela fait vingt huit ans qu’ à travers des dizaines d’articles censurés, j’ai essayé d’exercer mes droits de faire appel contre la décision de justice qui a qualifié le lâche assassinat de Mohamed Boudiaf d’acte isolé alors qu’il a été appelé par les décideurs de l’époque à venir sauver l’Algérie », poursuit Nacer Boudiaf.
Par ailleurs, l’auteur du livre “Si Tayeb El Watani, l’espoir assassiné” a réitéré ses accusations de crime d’Etat contre l’un des architectes de la Révolution : « Ma dernière tentative a été de déposer, il y’a plus d’un an, auprès du cabinet de l’actuel ministre de la Justice une requête pour rouvrir le dossier dit de l’acte isolé. Aucune réponse du ministre de la justice. Bravo pour la justice algérienne. Il est clair que l’assassinat de l’ex-chef de l’État dépasse les prérogatives d’un simple ministre de la justice. Le chef de l’État, étant le premier personnage politique de l’État, son assassinat ne peut donc revêtir que le qualificatif d’assassinat politique, donc de complot contre l’État. Le lâche assassinat de Mohamed Boudiaf est un complot contre sa propre personne et contre l’État, puisqu’il était chef de cet État qui n’a même pas daigné mettre à sa disposition une ambulance équipée le jour de son lâche assassinat ; ce même État qui accorde le privilège d’avions spéciaux à des gens à la retraite. Ceci dit, cela fait vingt huit ans que Mohamed Boudiaf avec son lâche assassinat subit l’injustice de l’Algérie indépendante, après avoir subit les affres de l’injustice du colonialisme et les injustices de l’indépendance confisquée ».
Nacer Boudiaf a conclu son long réquisitoire à travers une série de questions destinées à la justice algérienne: « Dans l’optique d’aider la justice algérienne à rouvrir le dossier de l’assassinat du Chef de l’État en tant que Chef du Haut Comité d’État, je souhaiterais apporter des éclairages en posant certaines questions : 1/ Mohamed Boudiaf a t-il été assassiné pour avoir été le premier chef de l’État algérien à dénoncer, de sa haute tribune, la mafia politico-financière ? 2/ Ou alors, a-t-il été assassiné pour avoir déclaré dans une réunion avec l’Organisation nationale des moudjahidines ( ONM ), quinze jours avant “l’acte isolé” que l’ennemi d’hier est l’ennemi d’aujourd’hui ? 3/ Ou bien, et c’est la théorie partagée par la partie honnête du peuple algérien, il a été lâchement assassiné parce-qu’il n’a pas accepté les pratiques des décideurs de l’époque, dont plusieurs ne sont plus de ce monde, mais quelques-uns sont toujours parmi nous ? 4/ En définitive, il a été assassiné soit par incompétence des services de sécurité chargés de sa protection ou bien ceux-là étaient partie du complot ? Toute réponse de la justice algérienne a l’une de mes quatre questions est la bienvenue. »
Hacen Guenoun