Pour avoir réinhumé un chahid: le fils du défunt, des responsables d’une association et un avocat poursuivis en justice
L’exhumation puis la réinhumation des ossements d’un chahid au village de Wizran, dépendant de la commune d’Aït R’Zin, dans la wilaya de Béjaïa, valent des poursuites judiciaires aux auteurs.
Plusieurs personnes ayant participé à cet enterrement qualifié « d’illégal », dont le fils du martyr, Ighrassin Amar, sont convoqués par la justice. Ils devront comparaître, le 25 février prochain, devant le tribunal d’Akbou et répondre des accusations « de violation de la sacralité d’une tombe, exhumation et réinhumation d’un corps sans autorisation ».
L’affaire remonte au 17 février 2018, lorsque le fils du chahid et sa famille avaient décidé, après avoir réussi à découvrir en 2008 la tombe de leur père tombé au champ d’honneur en 1958, de transférer ses ossements au carré des martyrs. Ils ont été aidés dans cette opération par les responsables de l’Association « Itri n’Tilelli » du village Wizran.
L’enterrement a eu lieu en présence des autorités locales et des représentants locaux de l’Organisation nationale des moudjahidine. Deux ans après, le fils du chahid, le trésorier de l’association en question, Ben Amara Atmane, et son président qui est aussi avocat, Sofiane Ouali, ont reçu des convocations de la justice qui les poursuit en vertu de l’article 152 du code pénal.
Pourtant, ont expliqué les mis en cause, avant d’exhumer les ossements du chahid, une procédure a été engagée auprès de l’ONM au niveau local. Mais en raison des lourdeurs bureaucratiques, l’autorisation n’a pas été accordée à temps.
Vu l’âge de la veuve du chahid, qui souhaitait voir la tombe de son défunt mari au carré des martyrs avant de décéder, l’initiative a été prise d’organiser le déplacement des ossements sans attendre le document officiel.
Réagissant à cette affaire, le barreau de Béjaïa se solidarise avec l’avocat Sofiane Ouali et dénonce la violation de l’article 07/13 de la loi régissant la profession d’avocat par le procureur de la République près le tribunal d’Akbou. L’Association Itri n’Tilleli dénonce, pour sa part, un harcèlement visant ses membres. Affaire à suivre.
Boualem Rabah