Ouïghours : la Chine ratifie un traité d’extradition avec la Turquie !
Dans un communiqué publié sur son site internet, le parlement chinois a annoncé, dimanche, la ratification d’un traité d’extradition avec la Turquie afin d’accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans.
Recep Tayyip Erdogan a t-il tourné casaque aux Ouïghours ? En 2009, celui qui était alors Premier ministre de la Turquie qualifiait de “génocide”, les troubles survenus dans la province du Xinjiang, peuplée d’Ouïghours, turcophones et musulmans. Onze ans plus tard, la Chine a annoncé la ratification d’un traité d’extradition avec Ankara pour accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans soupçonnés de “terrorisme” et réfugiés en Turquie. Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C’est notamment le cas si l’État auquel est soumise la demande d’extradition l’estime liée à un «crime politique», si la personne visée est l’un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d’asile.
Même si le parlement turc n’a pas encore ratifié cet accord bilatéral signé en 2017, l’initiative devrait susciter l’inquiétude au sein de l’importante diaspora ouïghoure (estimée à 50.000 personnes) présente en Turquie.
«Ce traité d’extradition va provoquer la panique parmi les Ouïghours ayant fui la Chine et n’ayant pas encore la citoyenneté turque», déclare à l’AFP Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation d’exilés basée en Allemagne. «Nous appelons le gouvernement turc (…) à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution», indique-t-il, assurant que Pékin exerce une pression économique sur la Turquie afin qu’elle ratifie le traité.
Des articles de presse qui ont récemment accusé Ankara d’expulser discrètement des Ouïghours vers la Chine ont provoqué un tollé général en Turquie qui est le seul pays à majorité musulmane à avoir jusqu’ici dénoncé publiquement le traitement des Ouïghours.
Cependant, Erdogan avait vanté l’an passé en Chine la politique menée au Xinjiang, y jugeant les gens «heureux», selon des propos rapportés par l’agence officielle Chine nouvelle.
Hacen Guenoun