Nacer Djabi: «Le coût de la division des pays du Maghreb est lourd économiquement, politiquement et psychologiquement»
Le sociologue algérien Nacer Djabi, un des signataires du dernier appel des intellectuels maghrébins à la réconciliation entre les pays de la région, s’est exprimé sur les conséquences de la situation actuelle.
Dans une interview accordée au quotidien arabophone El Khabar, Nacer Djabi a affirmé que « le coût de la division et l’absence d’un espace maghrébin commun est trop lourd sur les plans économique, politique et psychologique. »
« Tout le monde est perdant devant la persistance de cette situation où chacun des pays adopte la politique de ‘’je t’aime, moi non plus’’. Cette situation fait de la région un ventre mou exposé à des infiltrations étrangères venant du Sud, de l’Sst et même du Nord », a-t-il affirmé, précisant qu’il « est temps de résoudre tous les problèmes pour rétablir la connexion entre les peuples. »
Rappelant que l’idée de l’union maghrébine avait été défendue par les partis nationalistes durant l’époque coloniale, le sociologue impute la responsabilité de cette situation aux régimes post-indépendances qui « ont galvaudé ce projet ambitieux qui aurait pu faire de la région une puissance économique et politique. »
Nacer Djabi a en outre déploré l’absence d’une « vision stratégique chez les dirigeants et l’élite politique dirigeante des pays maghrébins » qui, au lieu de dépasser leurs clivages et d’encourager les initiatives prises dans ce sens, « ont préféré avancer à reculons. »
« Je n’écarte pas l’existence de forces internationales qui ne veulent pas d’un Maghreb uni, non seulement économiquement, mais aussi politiquement. Ces puissances, à l’image de la France et des Etats-Unis, voient la région comme un marché pour leurs produits industriels », a-t-il déclaré.
Selon lui, la question du Sahara Occidental doit être résolue rapidement afin de permettre l’édification d’une union maghrébine.
Boualem Rabah