Mali : l’ONU veut des réponses à la détérioration de la situation sécuritaire
L’ONU, par la voix de sa sous-secrétaire général aux droits de l’homme, Ilze Brands Kehris, appelle au traitement en urgence de la détérioration de la situation sécuritaire au Mali. Elle préconise une approche holistique qui s’attaque à l’impunité, place les droits de l’homme au centre de la réponse sécuritaire et va au-delà de la seule réponse militaire.
Ilze Brands Kehris s’est exprimée hier mardi, au terme d’une visite de six jours dans le pays, pour s’enquérir de la situation sécuritaire et des priorités en matière de droits de l’homme au Mali et dans la région du Sahel.
« 725 violations des droits de l’homme ont été documenté par la Division des droits de l’homme entre juin et septembre courant, soit une augmentation de 71,80 % par rapport au trimestre précédent » a-t-elle indiqué.
« Si les groupes extrémistes violents sont parmi les principaux auteurs de violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits au Mali, les groupes d’autodéfense et les milices communautaires commettent également des atteintes, et il existe des allégations crédibles de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire perpétrées par les forces nationales et internationales lors d’opérations antiterroristes » a noté la sous-secrétaire générale des Nations unies..
Ilze Brands Kehris a en outre souligné que « la protection des droits de l’homme est non seulement un impératif moral et une obligation juridique, mais aussi une nécessité opérationnelle », ajoutant que la lutte contre l’impunité et le traitement adéquat des cas de violations commises par les forces de sécurité contribueraient à obtenir le soutien des populations locales.
Elle a par ailleurs, noté que « les initiatives de paix et de réconciliation menées par les communautés démontrent qu’il est possible de désamorcer les tensions et de réduire la violence par le dialogue et par le biais de mécanismes de résolution des conflits afin de s’attaquer aux facteurs qui contribuent à la violence intercommunautaire, tels que la compétition en matière d’accès à des ressources peu abondantes ».
En outre, la Sous-Secrétaire générale a déploré l’augmentation du nombre de cas de violence sexuelle liés au conflit, avant d’exprimer sa profonde inquiétude face aux multiples rapports indiquant que “l’esclavage par l’ascendance est largement toléré dans la société malienne, y compris par certains politiciens influents, chefs traditionnels et religieux, responsables de l’application des lois et autorités judiciaires”.
« Le Mali doit criminaliser l’esclavage sans plus attendre et prendre toutes les mesures appropriées pour mettre fin à cette pratique », a-t-elle souligné.
Elle s’est, toutefois, félicitée du fait que la lutte contre l’impunité s’inscrit parmi les priorités du plan d’action national du gouvernement de transition adopté en août 2021.
A.A./Agences