Magistrats: le SNM dresse un tableau noir du fonctionnement de la justice
Signe d’un malaise profond dans le secteur, le Syndicat national des magistrats (SNM) est monté au créneau pour critiquer sévèrement le fonctionnement de la justice.
Dans un communiqué rendu public vendredi, l’organisation syndicale compare la situation actuelle vécue par le secteur à celle de la veille des élections présidentielles du 12 décembre 2019.
Le SNM dresse un sombre état des lieux, mettant en avant “la situation difficile des magistrats dans l’exercice de leurs fonctions, notamment en ce qui concerne le volet procédural», mais aussi celui lié «au délai d’examen des dossiers judiciaires, ballottés entre la célérité étonnante et les lenteurs mortelles, constituant ainsi une atteinte à l’équité, un des principes fondamentaux de la justice.” Cet état de fait, selon le SNM, “complique davantage cette voie”, d’autant plus “qu’elle émane de deux hautes juridictions, la Cour suprême et le Conseil d’Etat, exposant ainsi la justice à l’insulte et au sarcasme de la part d’un large spectre de la société (…). Continuer dans cette voie, c’est attenter à ce qui reste de la réputation de la justice.”
Le syndicat rappelle que le ministère de la Justice n’a pas honoré ses engagements envers les magistrats, notamment pour ce qui a trait à l’aspect socioprofessionnel qui, selon lui, se «détériore» de plus en plus «en l’absence d’une quelconque concrétisation des engagements qui oscillent entre les lenteurs et la bureaucratie, cherchant à gagner du temps et des emplacements personnels.»
Cette situation pourrait provoquer des tensions, met en garde le syndicat. Selon le SNM, cette sitution «augure d’une explosion incontrôlable», estimant que «le scénario d’octobre 2019 n’est pas loin.» Et de préciser que 53 magistrats touchés par des mutations en 2020, ne connaissent toujours pas le lieu de leurs affectations.
Par ailleurs, le Syndicat national des magistrats dénonce ce qu’il appelle ‘’les pressions exercées’’ par le ministre de la Justice sur ses membres qui ont participé à la dernière action de protestation menée par le SNM.
Concernant le traitement des affaires, le SNM proteste contre la politique de deux poids de mesure en estimant que certaines sont traitées rapidement et d’autres non. Une politique qui remet en cause ce qui reste de la crédibilité de la justice algérienne, a-t-il déploré.
Hacen Guenoun