L’arrière-petite-nièce de l’Émir Abdelkader: «L’émir ne s’est pas rendu, il a été trahi»
L’arrière-petite-nièce de l’Émir Abdelkader, Atika Boutaleb, a réagi aux propositions de Banjamin Stora dans le rapport remis à la présidence française. Elle a qualifié l’historien français de «directeur de conscience au service d’un État et d’un pouvoir.» Elle a défendu les positions politiques de son aïeul, et a raconté la façon avec laquelle il a été trahi.
Dans un entretien accordé au site internet Algérie Culture, Atika Boutaleb est brièvement revenue sur le rapport Stora pour dire qu’il s’agit d’un texte taillé sur mesure. Et que les ses propositions sont frappées de suspicion d’une utilité politique cachée. Cette militante culturelle s’est par contre attardé sur le parcours de son aïeul, l’émir Abdelkader, et sa « guerre contre la conquête française. »
« Il convient en premier lieu de rappeler que l’Émir a dirigé une guerre contre la conquête française qui a duré 17 ans. Il a résisté à cinq princes, 14 ministres de guerre, neuf maréchaux de France, 55 généraux divisionnaires, 65 généraux de brigade pour ne citer que ceux-là », a-t-elle souligné.
Elle a ensuite raconté la façon avec laquelle l’émir a été pourchassé par le roi du Maroc qui était en accord avec l’État français en 1847, et l’armistice proposé par l’émir au général Lamoricière pour mettre fin aux combats. L’émir Abdelkader avait également proposé de partir avec sa smala pour la Palestine.
Atika Boutaleb estime que son aïeul a été trahi. « Le ministre (français, NDLR) de la guerre de l’époque (…) avait convaincu le roi de commettre un parjure en violant les termes de l’accord. » Au lieu d’être conduit en Palestine, l’émir fût embarqué avec sa famille et sa smala sur un bateau qui fût détourné vers Toulon, a-t-elle expliqué.
« L’Émir ne s’est pas rendu, étant donné qu’une reddition consiste à rendre les armes sans négociations, sans conditions. Or, il y a bien eu, dans ce cas précis, négociations et accord des deux parties », a-t-elle précisé, ajoutant que « l’État français a, depuis, laissé courir la version mensongère de la reddition sans jamais rétablir la vérité historique. »
S’agissant des années que l’émir a passées en France, elle a expliqué que les Français ont exercé sur lui une pression terrible, en usant de ruses. « Ils sont allés jusqu’à laisser passer pour vraie l’image fabriquée d’un Émir qui se penche sur la main de Napoléon le petit, tentant pernicieusement de faire admettre qu’il termina sa vie soumis à la France. »
« Depuis son arrivée à Ambroise, son séjour n’a été que l’occasion d’exercer les pires pressions sur lui pour l’amener à adopter les vues françaises sur un rôle qu’il aurait pu jouer dans la formation d’un royaume arabe à opposer à l’Empire turc. Ces pressions l’ont soumis ainsi que sa famille à une vie quasi misérable. Il a été obligé, pour payer le bois de chauffage et le pain, de vendre ses biens, et deux de ses filles sont mortes de froid et de malnutrition », a-t-elle affirmé.
M. Mansour