Karim Tabbou: «Un nouvel épisode de l’ère Bouteflika est en cours»
Le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, fait sa première sortie médiatique après plus plusieurs mois d’emprisonnement. Il a animé aujourd’hui, en compagnie de ses avocats, une conférence de presse lors de laquelle il s’est exprimé sur la situation politique du pays et fourni des détails concernant les deux affaires pour lesquelles il a été poursuivi.
Le militant politique a, en abordant le volet politique, fustigé le pouvoir qui a mené, selon lui, le pays droit vers « une impasse politique. » «Dans une position frôlant la menace et le chantage, le pouvoir a refusé toute idée de transition et de changement. Il a imposé un processus de faux dialogue, de fausses représentations et de fausses élections, avec pour résultat un pays à l’arrêt. Un nouvel épisode de l’ère Bouteflika est en cours avec quelques maquillages de surface », a-t-il estimé.
Selon lui, pour « nous sortir de cette impasse et pour redonner de l’espoir à cette jeunesse avide de vie et de bonheur nous réitérons nos exigences de changement profond, radical et immédiat. » Trois impératifs politiques, a-t-il souligné, constituent le consensus national sans lequel aucune autre solution ne peut être fiable.
Il s’agit, a-t-il déclaré, d’engager le pays dans un processus politique rassembleur et inclusif devant aboutir à la mise en place d’un Etat de droit, prendre toutes les mesures pour consacrer l’indépendance de la justice et mettre en place un mécanisme électoral transparent et démocratique qui garantira la consécration entière de la souveraineté populaire. « Un tel processus apportera les solutions aux questions essentielles de la vie de la nation, à savoir l’espoir, la confiance et la justice ».
Revendication d’une assemblée constituante
Rappelant que le changement est une revendication populaire et une exigence historique, Karim Tabbou a affirmé que « l’élection d’une assemblée nationale constituante souveraine pourrait être l’acte fondateur voir l’un des jalons de la construction d’une Algérie libre, prospère, sociale et démocratique. »
Karim Tabbou a plaidé en faveur de « révisions déchirantes et sans complaisance dans le mode de gestion des affaires de l’Etat. » Et cela, a-t-il expliqué, en mettant fin au règne de l’absurde, de la médiocrité et de la politique du mensonge, aux régionalismes et à la gestion clanique des affaires du pays, à la confiscation du pouvoir et des institutions de l’Etat, aux fausses représentations politiques et sociales ainsi qu’à la dilapidation des biens et des richesses nationales.
Après les questions politiques, Karim Tabbou a cédé la parole à ses avocats pour relever ce qu’ils appellent les dix dépassements et violation de la loi lors de son arrestation et de son emprisonnement. Selon eux, les éléments de la DCI qui l’ont interpellé n’ont pas informé le procureur de la République. Ces derniers, ont relevé les avocats, n’ont pas non plus respecté la loi qui exige l’envoi de deux convocations à l’accusé avant de procéder à son interpellation.
La chambre d’accusation près le tribunal de Koléa a, de leur point de vue, violé la loi en décidant de priver Karim Tabbou de ses droits au moment de sa remise en liberté en septembre 2019. L’autre violation de la loi consiste, selon eux, de la présentation de Karim Tabbou, à l’occasion de sa seconde interpellation, devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed qui n’est pas territorialement compétent. « Il y avait une volonté de se venger du militant Karim Tabbou », précisent encore les avocats. Pour sa part, Karim Tabbou se dit déterminé à épuiser toutes les voies possibles « pour recouvrer ses droits. »
Boualem Rabah
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