Karim Tabbou à Euronews : «Le Hirak n’est pas un parti politique»
L’opposant Karim Tabbou s’est exprimé sur la situation politique en Algérien dans une interview accordée jeudi à la chaine Euronews. L’homme politique s’est exprimé à propos des mises en garde du Haut Conseil de sécurité (HCS) et des législatives du 12 juin.
Interrogé sur le récent communiqué du HCS qui a fait état de «graves dérapages émanant de milieux séparatistes et de mouvance illégale proche du terrorisme, qui exploitent les marches hebdomadaires», Karim Tabbou a répondu que «le peuple algérien est sorti de façon pacifique et a épaté le monde par son pacifisme. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas eu le moindre incident, même infime, de cette nature, dans les marches», a-t-il précisé.
«Dans toutes les publications du Hirak, dans les déclarations des hirakistes, il n’y a aucun mot ni aucun acte qui va dans le sens du séparatisme ou du terrorisme. Il est clair que le régime est dans une autre logique. Il vit dans un autre espace-temps », a-t-il ajouté.
L’ancien premier secrétaire du FFS est allé plus loin en accusant le pouvoir de vouloir « faire porter au peuple la responsabilité de la crise politique qu’il a lui-même provoquée», dénonce-t-il. «Il aurait fallu que le système admette que son temps de validité est arrivé à expiration. Le changement est une nécessité historique.»
Concernant les législatives, le porte-parole de l’UDS a estimé que l’abstention va être massive de la part du peuple algérien «dans certaines régions du pays, le niveau de participation risque d’être de 0%», a-t-il prédit. Karim Tabbou a fait par ailleurs part de ses inquiétudes face au retour des arrestations contre les hirakistes : «Ce qui se passe aujourd’hui sur la scène politique est révélateur de l’impasse dans laquelle s’enlise le régime qui n’a pas trouvé d’issue qui lui permette de manœuvrer contre le Hirak populaire.»
Et d’ajouter que « le pouvoir cherche par tous les moyens à casser le Hirak. Il y a quelques semaines, le régime disait que le Hirak est fini. Que 80% des Algériens sont satisfaits, que les revendications du Hirak ont été traduites sur le terrain. Et après le retour en force du mouvement, il change de disque et verse dans la provocation, assène des accusations et s’évertue à orienter le Hirak vers des sujets qui peuvent susciter de la violence ou provoquer une escalade au sein du mouvement», accuse-t-il.
Pour Karim Tabbou, il n’est pas nécessaire de doter le mouvement de représentants et d’une feuille de route. Le Hirak n’est pas un parti politique. Le peuple qui est sorti par millions n’est pas sorti sur la base d’un appel émis par un groupe ou une élite.»
Hacen Guenoun