Hirak: volteface de la direction du FFS
La direction du FFS s’est-elle résolue à revoir sa copie ? La déclaration ayant sanctionné la réunion de son instance présidentielle hier le suggère fortement. Après avoir qualifié le Hirak d’«instrument de régression» au lendemain de leur rencontre avec Tebboune, voilà que ses dirigeants appellent maintenant leur base militante à s’engager dans le mouvement populaire.
La colère manifestée par des cadres du parti ainsi que par sa base militante semble avoir contraint l’instance présidentielle du FFS à revoir sa copie.
La rencontre des dirigeants du plus vieux parti de l’opposition avec le président Tebboune la semaine dernière, et les déclarations qui s’en sont suivies, avaient en effet provoqué d’importantes fractures au sein de cette formation politique. S’adressant à la presse le 17 février, le conseiller du premier secrétaire du FFS, Samir Bouakouir, avait qualifié le Hirak d’«instrument de régression.» La chose a été vécue comme une abdication face au pouvoir, mais surtout comme une trahison pour le mouvement populaire.
Reprise du Hirak et redistribution des cartes
Conjugué à la pression subie sur le plan interne, le retour du Hirak semble avoir bouleversé la donne. À l’issue de sa réunion d’hier, l’instance présidentielle du FFS a publié une déclaration dans laquelle elle affirme que le pouvoir «se cantonne dans un immobilisme destructeur qui pousse à la révolte, alors qu’une telle situation exige des actions fortes, notamment sur le plan politique.»
Changement de rhétorique
Le FFS appelle désormais ses militants «à poursuivre le combat dans cette révolution populaire pour un changement démocratique dans le pays », se déclarant « conscients du rôle historique et déterminant qui nous incombe à tous, pour conduire ce processus salutaire visant à sauver notre pays d’un effondrement inéluctable de ses institutions.»
Et d’ajouter: « Aucun dénouement de cette crise multiforme n’est envisageable et encore moins viable, dans un contexte exacerbé par la répression policière et judiciaire, le chaos économique et l’exclusion. »
Le parti annonce avoir « engagé une dynamique de concertations et d’échanges avec des partis politiques, des personnalités nationales et des organisations syndicales » pour tenter de trouver des solutions à cette crise multiforme.
Le FFS appele en outre «les tenants du pouvoir à s’engager sérieusement dans un élan patriotique de changement pacifique de l’ordre établi». Selon ce parti, cela ne peut se concrétiser que par une « volonté politique de créer un climat de détente et de confiance en faveur de ce changement. Dans le cas contraire, le parti estime que le Hirak «risque à tout moment de reprendre avec plus de détermination et d’intransigeance, si le pouvoir continue d’ignorer ses préoccupations.»
«Cette ignorance, qui frise le mépris de la volonté populaire, se manifeste par le renforcement du dispositif répressif, l’instrumentalisation de certains médias et le rejet systématique de toutes les initiatives politiques de sortie de crise, qui proposent des solutions concrètes et consensuelles pour désamorcer ce contexte particulièrement explosif», est-il souligné ans la déclaration.
M. Mansour