Fermeture des frontières : le calvaire d’un couple franco-algérien séparé depuis 405 jours
C’est une histoire des temps présents. Séparée de son ami algérien depuis plus d’un an en raison de la fermeture des frontières pour cause de crise sanitaire, une Française de 35 ans, a saisi, avec l’appui d’un collectif, le Conseil d’État dans l’espoir de le retrouver et de l’épouser.
« Cela fait 405 jours qu’on ne s’est pas vus, c’est inhumain », s’est plaint Marianne Godard, originaire de Chalon-sur-Saône, dans l’est de la France, qui vit cet éloignement forcé avec Abdelhak Drizi, son compagnon depuis 2018, coincé en ’Algérie depuis plus d’un an. Malgré la multiplication des procédures pour débloquer sa situation, le couple reste toujours séparé.
Avec le collectif Visa mariage, dont elle est l’une des responsables, la jeune femme a saisi le Conseil d’État qui doit se prononcer sur son cas ce jeudi 1er avril.
Les deux tourtereaux s’étaient rencontrés en septembre 2018 via Internet, Le premier rendez-vous physique a eu lieu en décembre 2018. La Française s’était rendue en Algérie, pour rencontrer sa belle-famille. Cependant, la procédure de mariage d’un couple binational s’est avérée interminable en dépit de la délivrance d’un certificat de capacité à mariage en novembre 2020, après auditions devant les autorités compétentes. Mais comme ce document est valide un an à compter de la fin de la publication des bans au consulat et qu’une procédure similaire en Algérie devrait être validée aussi, le mariage n’a plus être célébré.
Début 2020, la crise sanitaire s’intensifie et Marianne Godard apprend que la délivrance de son certificat de capacité à mariage est mise en sursis par le procureur. « Premier choc », témoigne-t-elle. En mars, les frontières algériennes sont fermées. « J’ai patienté les premiers temps en me disant que ce serait provisoire. » raconte-t-elle le cœur meurtri. « Je vis dans l’angoisse constante de ne jamais le retrouver. Je me suis isolée, enfermée dans la dépression », assure-t-elle.
Plus d’une année est passée et Marianne et Abdelhak restent séparés. « Cela fait 405 jours qu’on ne s’est pas vus (leur dernier voyage commun remontait à janvier 2020, NDLR). C’est inhumain. » Une situation qui pèse sur son état de santé. L’été dernier, elle a déclaré une maladie auto-immune, la sclérose en plaques, pour laquelle elle voit un lien direct avec la distance imposée. « Je suis sous antidépresseurs, j’ai pris 25 kilos. Je vis dans l’angoisse constante de ne jamais le retrouver. Je me suis isolée, enfermée dans la dépression. Le peu d’énergie qui me reste va dans les procédures. »
La jeune femme n’est pas seule à vivre un tel cauchemar puisque depuis mars 2020 près de 700 couples sont dans la même situation.
Hacen Guenoun