Exploitation du gaz de schiste: dissonances au sommet de l’État
Se prononçant sur l’opportunité ou non d’exploiter le gaz de schiste en Algérie, le ministre de la Transition énergétique, Chems Eddine Chitour, a exprimé une position on ne peut plus claire. Selon lui, « il n’est pas question de polluer le Sahara ». Son discours se heurte à celui de son collègue de l’Energie, mais également à celui du président de la République lui-même, favorables à son exploitation.
Intervenant mardi lors d’une conférence sous le thème de « la transition énergétique pour l’Algérie nouvelle », tenue à l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), M. Chitour a signifié qu’« il n’est pas question de polluer le Sahara » le ministre a expliqué que « le gaz de schiste sera exploité lorsque la technologie sera respectueuse de l’environnement ».
La position que défend le ministre de la Transition énergétique se heurte à celle du président de la République qui avait déclaré lors de l’entrevue accordée aux médias nationaux le 24 janvier dernier, que le gaz de schiste était « une nécessité ».
Il avait également défendu la fiabilité de la technologie utilisée actuellement pour son extraction. « Allah nous a gratifiés de cette richesse et je ne vois pas pourquoi nous nous priverons de son exploitation pour améliorer le niveau de vie des Algériens », avait déclaré le président.
Les propos d’Abdelmadjid Tebboune ont été repris par le ministre de l’Énergie de l’époque, Mohamed Arkab, et défendus plus tard par son successeur, Abdelmadjid Attar. En août dernier, M. Attar avait en effet estimé qu’il était urgent «d’explorer, d’améliorer les taux de récupération et pourquoi pas d’aller au gaz de schiste, si c’est nécessaire à cause des besoins intérieurs au-delà de 2030. »
Une semaine avant, le PDG de la Sonatrach avait tenu des propos plus explicites en indiquant que « l’exploitation du gaz de schiste pourrait permettre la production d’un volume annuel de 20 mds de mètres cubes à l’horizon 2030, et de créer 15 000 emplois directs. »
Il faut noter que cette ferveur pour le gaz de schiste dans les déclarations des officiels s’est quelque peu diluée ces derniers temps. Le 21 janvier dernier, M. Attar avait quelque peu reculé sur cette question en déclarant au site d’information russe Sputnik, que l’Algérie ne misait pas sur le gaz de schiste.
« Ce gaz est là, il s’agira de l’exploiter à l’avenir de façon rentable et en respectant l’environnement, mais pour l’heure, cela n’est pas possible. Et ce n’est pas pour demain », avait-il dit.
Il s’agit là aussi de déclarations qui s’opposent diamétralement à celle du chef de l’État. Toutes ces dissonances marquent un véritable malaise au sommet de l’État, concernant cette question sensible.
M. Mansour