Essais nucléaires français en Algérie: retour à l’envoyeur !
Des analyses effectuées sur les poussières charriées par les nuages de sables au dessus de la France le 6 février en cours, ont révélé des traces de radioactivité issue des essais nucléaires français au Sahara au début des années 60.
Pierre Barbey, spécialiste de la radioprotection à l’Université de Caen a décidé d’effectuer des prélèvements sur quelques grains de sable pour les analyser. A la surprise générale, la matière révèle la présence d’un composé radioactif, le Césium-137.
L’expert qui est également conseiller scientifique bénévole du laboratoire ACRO, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, explique : “Je me rappelle très bien qu’il y a 30 ans, au moment de la création de l’ACRO (née après la catastrophe de Tchernobyl, ndlr), nous avions déjà analysé du sable en provenance du Sahara. On y avait vu des traces de Césium-137. 30 après, je ne savais pas si on en aurait encore des traces, à une si lointaine distance du Sahara”.
Le composé radioactif est un radioélément artificiel qui n’est pas présent naturellement dans le sable. “Il s’agit d’un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire”, précise l’ACRO. De son côté France Bleu fait remarquer qu’on a notamment retrouvé ledit composant autour de la centrale de Fukushima au Japon, après la catastrophe nucléaire de 2011.
Après l’annonce de cette découverte qui a suscité l’inquiétude parmi les habitants du Doubs, l’ACRO a réagi en expliquant que la substance n’est retombée que 80.000 Bq au km² de Césium-137. La présence de ce composé, qui bénéficie d’une période de vie de 30 ans, s’explique par les activités nucléaires françaises dans le Sahara dans les années 60. Ainsi, avec ces prélèvements, détaille l’ACRO, “il n’était pas question de dire qu’il y a une mise en danger de la population, mais de rappeler ce qu’a fait la France et d’autres pays” en termes d’essais nucléaires.
Pour rappel, la France a multiplié les tests nucléaires dans le sud algérien dans les années 60. Le premier ayant eu lieu le 13 février 1960 avec une explosion trois ou quatre fois plus puissante que celle des bombes d’Hiroshima en août 1945. Des événements qui impactent encore aujourd’hui les habitants de cette région. “La population vit avec des traces de Césium-137 au quotidien, certains terrains sont toujours fortement contaminés, cela donne une idée de la contamination de l’époque”, rappelle Pierre Barbey.
Hacen Guenoun