Droits de l’Homme : les pressions sur l’Algérie s’intensifient
Le département d’État américain a publié le 30 mars son rapport annuel sur la situation des droits humains à travers le monde. Il a notamment relevé une importante dégradation de la situation en Algérie. Ces vives critiques font écho au rappel à l’ordre du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU.
Dans son rapport, le Département d’État américain évoque le problème de la « détention arbitraire ». Il met également en exergue l’existence de « prisonniers politiques », d’un « manque d’indépendance et d’impartialité de la justice », auxquels s’ajoutent des « intrusions illégales dans la vie privée des citoyens ».
Il est en outre question de graves restrictions à la liberté d’expression et de la presse, y compris par l’utilisation des lois pénales sur la diffamation, relevant des arrestations de journalistes et des blocages de sites internet ».
Concernant les libertés collectives, le rapport déplore de nombreux dépassements tels que « les entraves aux libertés de réunion et d’association pacifiques, le refoulement de réfugiés vers un pays où ils seraient menacés pour leur vie ou leur liberté, la corruption, l’absence d’enquête et de prise de responsabilité pour la violence faite aux femmes, la traite des personnes, la criminalisation des relations sexuelles consentantes entre personnes de même sexe, des restrictions importantes à la liberté d’association des travailleurs, et les pires formes de travail des enfants ».
S’agissant des abus psychologiques et physiques dans les centres de détention, le rapport précise qu’« il y a eu des signalements importants d’abus psychologiques et physiques dans les centres de détention. Les avocats et militants des droits de l’Homme se sont déclarés préoccupés par la gestion du Covid-19 dans les prisons ».
Le rapport souligne que « la loi interdisait les arrestations et détentions arbitraires. Un détenu a le droit de faire appel de l’ordonnance de mise en détention provisoire d’un tribunal et, s’il est libéré, de demander réparation au gouvernement. Néanmoins, la sur-utilisation de la détention provisoire demeure un problème. Une augmentation de la détention provisoire a coïncidé avec le début du mouvement de protestation populaire en février 2019 ».
Concernant la liberté de manifester, le rapport relève des arrestations régulières de personnes participant à des manifestations n’ayant pas obtenu d’autorisation. « Les personnes arrêtées ont déclaré que les autorités les avaient détenues pendant quatre à huit heures avant de les relâcher sans inculpation », indique le rapport, précisant que les autorités algériennes ont utilisé des accusations vagues, telles que l’« incitation à attroupement non armé » et «outrage à corps constitué » pour arrêter et détenir des individus considérés comme « troublant l’ordre public».
Quant à la liberté de la presse, le même rapport indique que « les journalistes et les militants étaient limités dans leur capacité à critiquer le gouvernement » et que des « lignes rouges » à ne pas dépasser ont été posées.
Ainsi, indique le rapport, les autorités ont arrêté et détenu des citoyens pour avoir exprimé, notamment sur les réseaux sociaux, des opinions jugées comme étant des atteintes aux institutions de l’État ».
M. M.