Covid-19 : l’Algérie a-t-elle réellement atteint l’immunité collective?
En dépit de son système de santé défaillant et ses difficultés à acquérir les quantités suffisantes de vaccin, l’Algérie fait partie des rares pays à avoir contenu la pandémie de Covid-19.
La preuve : depuis plusieurs jours, le nombre de contaminations quotidiennes est repassé au-dessous de la barre des 100 cas, pour deux à trois décès par jour. Ce net recul peut s’expliquer par la décision prise à temps par les pouvoirs publics de fermer les frontières aériennes, terrestres et maritimes, tout en imposant des conditions drastiques pour l’entrée sur le territoire national.
Mais une idée est en train de gagner du terrain ces derniers jours évoquant un autre facteur, jusque-là insoupçonné, à savoir une immunité collective que les Algériens auraient acquise contre la maladie virale
Le professeur Noureddine Smaïl, directeur général de l’Institut national de la santé publique (INSP), est le premier à évoquer cette thèse sans pour autant susciter l’unanimité dans les milieux scientifiques. Mais ils sont tout de même plusieurs médecins à appuyer l’idée, chiffres à l’appui.
« Il se peut qu’on ait atteint un certain niveau d’infection qui a fait procurer à beaucoup d’Algériens cette immunité », déclare le Pr Smail à TSA. Alors que l’immunologiste Reda Djidjik, du CHU de Beni Messous (Alger), dit ne pas comprendre pourquoi l’immunité collective dont il soupçonne l’existence en Algérie, surviendrait uniquement chez nous. « Même quand il y a une recrudescence chez nous, ce n’est pas de la même intensité qu’en Europe », ajoute t-il, tout en demandant des études approfondies sur la question.
Pour sa part, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre national des médecins et membre du Comité scientifique, a appelé à des enquêtes pour élucider ce phénomène, laissant entendre que cette immunité collective peut bien avoir été acquise lors de la forte vague de l’été et l’automne 2020. « C’est un travail scientifique qui doit se faire par les autorités concernées, c’est-à-dire l’Institut national de la santé publique en s’appuyant sur les autorités scientifiques des sociétés savantes et les infectiologues pour faire des enquêtes sur la population générale », plaide-t-il. « Il semblerait que dans notre pays, durant le troisième trimestre de l’année dernière, il y a eu une augmentation de l’épidémie qui a été soit symptomatique, soit asymptomatique, qui nous a valu de nous acheminer vers cette immunité collective probable de par la maladie en elle-même », explique-t-il.
Le Pr Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie et directeur du laboratoire central de l’hôpital de Rouiba, lui va plus loin en assurant que l’enquête menée par ses services conforte l’idée d’une immunité collective des Algériens face au virus. Il a même révélé récemment que sur un échantillon de 1000 donneurs, il a été constaté que 50 % ont contracté le virus, mais ne présentaient aucun symptôme. D’où sa conclusion que l’immunité collective des Algériens dépasse les 50 %.
Hacen Guenoun