Arabie saoudite : les femmes désormais autorisées à accomplir le hadj sans tuteur
Les réformes sociétales s’accélèrent en Arabie saoudite. Les femmes sont désormais autorisées à faire le pèlerinage à la Mecque sans tuteur masculin.
Les femmes voulant accomplir le hadj sont toutefois tenues de s’y rendre en groupe. Peu importe, ce voyage, Bushra Shah en rêvait. Un rêve que cette mère de famille de 35 ans qui réside à Djeddah peut désormais réaliser. Elle fait partie des 60.000 personnes résidant en Arabie saoudite, sélectionnées pour participer à un hadj réduit en raison de la Covid-19.
“Partir avec un enfant et avec un mari peut être source de déconcentration, car avec un enfant on ne peut pas se concentrer et accomplir pleinement les rites. Plusieurs autres femmes voyagent avec moi, donc je suis très fière que nous soyons maintenant indépendantes, nous n’avons pas besoin de mehrem (tuteur masculin).”
Une indépendance que savourent les Saoudiennes. Les autorités exigeaient auparavant la présence d’un compagnon masculin pour toute femme âgée de moins de 45 ans, ce qui empêchait des milliers de musulmanes de faire le pèlerinage, un des cinq piliers de l’islam que tout fidèle doit accomplir s’il en a les capacités physiques et financières.
Des réticences persistent
Malgré la nouvelle réglementation, certaines agences de voyage sont toujours réticentes à accepter les femmes qui voyagent sans homme. Mais, explique Buschra, les femmes se sont organisées.
“Nous avons créé divers groupes réservés aux femmes (sur WhatsApp). Nous discutons donc de tous les problèmes et nous planifions toute éventualité, toutes les choses auxquelles nous serions confrontées. Ce sera un hadj facile car nous avons déjà planifié beaucoup de choses à l’avance. Nous sommes très unies, nous prenons soin les unes des autres et nous nous motivons mutuellement“.
Depuis qu’il est devenu prince héritier, Mohammed ben Salmane a engagé l’Arabie saoudite sur la voie de réformes sociétales concernant notamment les droits des femmes. Celles-ci ont par exemple été autorisées à conduire ou à voyager sans tuteur masculin.
Une ouverture qui suscite de l’espoir. Toutefois, de nombreuses militantes des droits des femmes sont toujours dans le viseur de la justice ou tout simplement en détention.
Samira Ben.