Anniversaire du printemps berbère et du printemps noir : marches contre l’impunité et l’amnésie en Kabylie (vidéos)
Des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé aujourd’hui aux quatre coins de la Kabylie pour commémorer le double anniversaire du printemps berbère d’avril 1980 et du printemps noir de 2001.
Des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes sont descendus, en début de matinée, dans les rues de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, pour dire « Non à l’oubli ! », « Non à l’amnésie ! » et « Non à l’impunité ».
A Tizi Ouzou, la manifestation a drainé une foule considérable. Brandissant banderoles et emblème Amazigh, les manifestants, dont la procession s’est ébranlée depuis l’Université Mouloud Mammeri, ont exprimé leur « attachement à l’amazighité » et à la revendication de la « démocratisation de l’Algérie. » La foule a également exprimé son refus d’oublier les victimes du printemps noir de 2001 et a réclamé justice pour les 126 jeunes assassinés par les balles des services de sécurité.
Même ambiance à Béjaïa, où les manifestants, qui ont sillonné les rues de la ville, ont fermement rejeté l’impunité et ont exigé que les auteurs des crimes commis contre des jeunes de la région soient identifiés et punis.
Les participants à ces marches, comme c’était le cas à Bouira, ont en outre repris en chœur les slogans du Hirak et ont exprimé leur rejet des élections législatives anticipées du 12 juin 2021.
La commémoration de ces évènements tragiques, mais aussi historiques, est devenue une tradition en Kabylie depuis des décennies. Le premier renvoie aux évènements du 20 avril 1980,qui ont éclaté suite à l’interdiction d’une conférence de l’écrivain et anthropologue, Mouloud Mammeri, sur les poèmes kabyles anciens. Outrés par cette décision, des étudiants à l’université de Tizi Ouzou et d’Alger ont lancé une série d’actions de protestation, dont l’appel à une grève générale qui été largement suivie.
En réaction, le régime du parti unique avait recouru sans ménagement à la répression et à l’arrestation de 24 personnes considérées comme étant les meneurs de ce mouvement, dont Saïd Sadi, Saïd Khelil, Mouloud Lounaouci, Djamel Zenati…
Vingt et un an plus tard, la Kabylie a vécu de nouveaux évènements tragiques: le printemps noir. Ce fut à la veille de la célébration du 21e anniversaire du printemps berbère. Ces évènements ont été provoqués par l’assassinant par des gendarmes du jeune lycéen Garmah Massinissa dans la commune de Beni Douala, à Tizi Ouzou.
L’incident a été suivi par un autre à Béjaïa, provoquant un vent de colère sans précédent dans la population excédée par la « hogra » et les dépassements des services de sécurité. La réponse a été d’une violence inouïe. Des tirs à balles réelles sur des manifestants, ont fait, au total, 128 morts, plus 3000 blessés et milliers d’handicapés à vie.
Boualem Rabah