Affaires des financements libyens: l’homme à l’origine des ennuis judiciaires de Sarkozy arrêté au Liban
Ziad Takieddine, l’homme à l’origine des ennuis judiciaire de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, dans l’affaire du financement par Kadhafi de sa campagne électorale de 2007, été arrêté hier vendredi 4 décembre au Liban, en application d’un mandat d’arrêt émis par Interpol.
Moins d’un mois après avoir retiré ses accusations contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Ziad Takieddine est rattrapé par ce dossier qui lui a valu d’être interpellé, vendredi 4 décembre, au Liban.
“Les forces nationales de sécurité ont placé Takieddine en détention, sur la base d’un mandat d’arrêt d’Interpol adressé au ministère public car il est recherché par les autorités françaises concernant son implication dans une affaire de corruption et de financement de la campagne” de Nicolas Sarkozy, a précisé cette source.
Elle a ajouté que Ziad Takieddine avait été interrogé par les forces de sécurité, sous la supervision d’un juge, et qu’il devait être transféré lundi au parquet général de Beyrouth pour de plus amples investigations. Si les accusations contre lui étaient considérées comme étant justifiées, il pourrait être jugé au Liban en tant que citoyen libanais, ou être extradé vers la France, a relevé la source judiciaire.
En 2016, il a affirmé au site d’informations français Mediapart avoir personnellement remis, en 2006 et en 2007, cinq millions d’euros en liquide provenant de Libye et visant à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le 11 novembre, dans une spectaculaire volte-face, il a retiré ses accusations dans un entretien à l’hebdomadaire Paris Match et à la chaîne BFMTV.
Des affaires judiciaires à la pelle
Il comparaissait, mardi 1er décembre, devant le Bureau des crimes financiers du Liban, quand les autorités ont réalisé qu’il y avait une demande pour son arrestation émanant d’Interpol, et il a été placé en détention, selon une source sécuritaire.
Ziad Takieddine vient déjà de passer deux semaines en prison au Liban, du 26 octobre au 10 novembre, dans le cadre d’un litige avec son ancien avocat, Hani Mourad, avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Cette plainte évoque “menaces, chantages, diffamation, escroquerie, abus de confiance” et non paiement d’honoraires.
Ziad Takieddine, 70 ans, s’est enfui à Beyrouth après avoir été condamné en juin en France dans le cadre de l’affaire Karachi sur des commissions occultes liées à des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite et le Pakistan.
Né le 14 juin 1950 dans une grande famille de Druzes libanais, Ziad Takieddine a longtemps travaillé dans la publicité, avant de quitter son pays déchiré par la guerre civile. Dans les années 1980, il dirige la station de montagne Isola 2000, dans les Alpes-Maritimes en France.
Reconverti dans la négociation de juteux contrats d’armement, il a fait fortune en mettant à profit ses connexions politiques avant de devenir un “ami encombrant” pour la droite française et un paria cerné par la justice, déroutée par ses déclarations fluctuantes.
A.A./Agences