Abderrahmane Mebtoul : “Le ministre des Finances vit sur une autre planète”
Commentant les déclarations du ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, qui avait affirmé que l’inflation était “maîtrisée” et que “la valeur du dinar allait se redresser avant la fin de l’année”, l’économiste Abderrahmane Mebtoul fustige les propos d’une personne “déconnectée des réalités”, donnant l’impression de vivre “sur une autre planète”.
« Je laisse aux ménages algériens, aux journalistes de terrain et aux opérateurs économiques le soin de juger cette déclaration qui ignore fondamentalement le fonctionnement de la société et montre que certains responsables vivent sur une autre planète », a affirmé Abderrahamen Mebtoul dans un entretien accordé hier au journal en ligne Algérie Patriotique.
L’expert a abordé la question de l’inflation qui a commencé en décembre, notant que celle-ci s’est sensiblement amplifiée entre janvier et mars. Il a mis en exergue « une envolée des prix, tant des matières premières que des biens d’équipement et de consommation, comme les produits des pauvres, les pâtes, les lentilles et les haricots, entre 30 et 50%, et beaucoup plus pour les produits informatiques et les fruits, malgré leur disponibilité. »
M. Mabtoul a insisté sur l’impératif de réactualiser l’indice global de l’inflation, tout en rappelant que cela n’a pas été fait depuis 2011. « Le taux d’inflation officiel est biaisé » car il est « comprimé artificiellement par les subventions non ciblées, source d’injustice sociale et de gaspillage », a-t-il expliqué.
Pour ce qui est de « la dévaluation rampante» de la monnaie nationale, il a tiré la sonnette d’alarme tout en accusant la Banque d’Algérie de provoquer volontairement le « glissement du dinar par rapport au dollar et à l’euro, pour augmenter artificiellement la fiscalité des hydrocarbures et la fiscalité ordinaire via les importations, tant en dollar qu’en euro convertis en dinar dévalué et en direction de la sphère parallèle qui produit des dysfonctionnements des appareils de l’État», en ce sens, selon lui, qu’«il existe des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière, avec des situations monopolistiques et oligopolistiques de rente. »
M. Mansour