5e anniversaire de sa disparition: Hocine Aït Ahmed, le combat pour la liberté comme sacerdoce
23 décembre 2015-23 décembre 2020. Cinq ans sont déjà passés depuis la disparition de Hocine Aït Ahmed. Figure emblématique de la révolution algérienne, l’homme a vécu la majeure partie de sa vie en opposant au système qui a exercé une hégémonie asphyxiante sur le pays depuis l’indépendance du pays, en 1962.
Hocine Aït Ahmed a toujours opté pour les chemins escarpés de la lutte pour des idéaux de liberté et de démocratie. Durant la période coloniale, pendant la guerre de libération et après l’indépendance, il n’a jamais marchandé avec ses principes. Né le 20 août 1926 à Aït Yahia, dans l’actuelle wilaya de Tizi Ouzou, il a choisi, très jeune, le militantisme politique.
Il a intègré, à 16 ans, le Parti du peuple algérien (PPA), principale formation politique représentative du peuple algérien sous le colonialisme français. Il est rapidement devenu un de ses dirigeants les plus en vue. Membre fondateur de l’Organisation spéciale (OS), Hocine Aït Ahmed est devenu son chef après la mort de Mohamed Belouizdad.
C’est à ce titre qu’il a présenté au Comité central du parti, réuni à Zeddine, le rapport du même nom, dans lequel il a démontré l’inéluctabilité de la lutte armée et a défini les meilleurs moyens pour la réussite de celle-ci. Son rôle après le déclenchement de la guerre de libération n’est pas non plus à présenter, puisqu’il était parmi les dirigeants de la révolution les plus en vue.
L’opposition à Benbella et Boumediene
A l’indépendance, Hocine Aït Ahmed a vite pris ses distances avec le pouvoir incarné par le duo Ahmed Benbella-Houari Boumediene. C’est ainsi qu’il créa, en compagnie de plusieurs dirigeants de la wilaya III historique, le Front des forces socialistes (FFS) qui avait réclamé le pluralisme politique face au verrouillage de la vie politique imposé par le système du Parti unique. C’était en 1963.
Le parti a même pris le maquis pour s’opposer à la dictature installée dans le pays par le régime de Benbella. Hocine Aït Ahmed a été arrêté et condamné à mort en 1964. Mais il s’est évadé de la prison d’El-Harrach le 1er mai 1966 pour prendre le chemin de l’exil. Il n’a jamais mis fin à son militantisme et à son opposition au système du parti unique incarné par Boumediene.
Il n’est rentré au pays qu’en 1989. Opposé à l’arrêt de processus électoral en 1992, Hocine Aït Ahmed a de nouveau quitté le pays après l’assassinat du président Mohamed Boudiaf, en juin de la même année. Partisan de la solution politique à la crise algérienne, Hocine Aït Ahmed a toujours refusé les « bricolage » et « les fuites en avant des tenants du système. »
En 1999, il est revenu une fois de plus au pays pour se porter candidat à la présidentielle anticipée convoquée par Liamine Zeroual. Mais il s’est retiré à la veille du scrutin, en compagnie de cinq autres candidats en guise de protestation contre la fraude massive qui se dessinatit en faveur du protégé du système, Abdelaziz Bouteflika.
Quittant à nouveau le pays, Hocine Aït Ahmed n’a jamais cessé de dénoncer la politique du régime. Il n’a pris sa retraite politique qu’en 2012, se retirant de la présidence du FFS. Affaibli par la maladie, l’homme est décédé trois ans plus tard. Et l’Algérie entière lui a rendu un vibrant hommage, en lui organisant des funérailles populaires dignes de son rang.
Boualem Rabah